POURQUOI REVOIR LES GOONIES AU CINÉMA ?

Vous connaissez le Popcorn Reborn Summer Festival ? C’est pas grave, il est encore temps de bien faire. Ça se passe à Arras, sympathique ville des Hauts-de-France dans laquelle réside l’association Popcorn Reborn (forcément). Inquiets et dépités par les annulations de sorties des blockbusters U.S l’an passé, les soldats de la culture pop qui composent l’asso avaient répondu en inventant leur été américain à eux. 

La salle de cinéma comme support de redécouverte : pour nous, l’avenir de l’exploitation cinématographique se joue aussi dans cette proposition. De l’anneau de pouvoir au pic à glace, de la chasse au trésor à la quête du porté idéal : cet été, la 2ème édition du Popcorn Reborn Summer Festival en met encore pour tous les goûts. 

Pourquoi revoir Les Goonies en salles ? Sinon pour se remémorer les marathons de tartines au Nutella devant la télévision de mamie, quand l’huile de palme n’était encore qu’une ligne parmi d’autres sur une étiquette que personne ne lisait. Les soirées passées à user les mêmes VHS jusqu’à la bande, quand choisir un film ne signifiait pas encore choisir l’écran sur lequel on allait piocher un contenu dématérialisé dans un catalogue illimité. Cet âge d’or de l’enfance ou grandir signifiait se projeter dans des icônes de fiction, et pas s’abonner au compte Instagram de ses interprètes… 

Bref, il y a surement beaucoup de « c’était mieux avant » dans le culte qui entoure Les Goonies, et probablement encore plus depuis le décès récent de Richard Donner. Le film lui-même n’est pas étranger à ce sentiment. Le récit s’ouvre sur des adieux : ceux que Mickey effectue à sa bande de Goonies, lui qui s’apprête à déménager de la ville sur laquelle règne le propriétaire foncier sans scrupules qui a rendu un avis d’expulsion à son père. Spéculation immobilière vs honnêtes gens: le bien et le mal avaient déjà choisis leur camp il y a 35 ans.

Mickey ne pense pas aux bons moments passés mais à ceux qui ne seront pas. C’est un nostalgique du présent qui va embarquer tout le monde dans une dernière chasse au trésor pour repousser l’inévitable et faire durer cet ultime moment. Une vieille âme dans un corps d’enfant, persuadée que demain ne sera jamais meilleur que maintenant et encore moins qu’hier. La gravité précoce de Mickey résonne comme une prise de conscience qui s’est gravée sur le visage aujourd’hui quinquagénaire mais éternellement juvénile de son interprète Sean Astin. 

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Même s’il est resté dans les mémoires comme un moment d’enfance joyeuse, Les Goonies peut aussi se voir finalement le film d’un adulte un peu triste, qui semble se placer dans l’arrière-plan du temps présent. Comme lorsque Mickey regarde le paysage se déployer sous son porche, beau moment d’Americana pastoralisée qui aurait eu toute sa place dans le Superman du même Donner. Sous les rires, les larmes qui montent. 

Ne nous y trompons pas : Les Goonies est bien un film Amblin, qui aligne avec plus ou moins de réussite les tropes des talents qui ont présidé à sa création. Mais c’est lorsqu’il change de tonalité que le film justifie le culte intemporel dont il fait l’objet.

Car la nostalgie qui habite le film est aussi la notre. Celle qu’une génération Y maussade nourrit pour ce temps où le cinéma tendait des perches à notre imagination pour identifier la carte au trésor caché de Willy Le Borgne dans son Astoria de proximité. A cette époque lointaine où l’imaginaire de l’enfance se formait encore à l’extérieur, et pas à l’intérieur avec la rhétorique des écrans…

Merde, en voilà une belle phrase de vieux con. L’auteur de ces lignes doit lui aussi être un peu un Goonie finalement.

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