POURQUOI REVOIR LES BLUES BROTHERS AU CINEMA

Vous connaissez le Popcorn Reborn Summer Festival ? C’est pas grave, il est encore temps de bien faire. Ça se passe à Arras, sympathique ville des Hauts-de-France dans laquelle réside l’association Popcorn Reborn (forcément). Inquiets et dépités par le décalage de sorties des blockbusters U.S prévus cet été, les cinq soldats de la culture pop qui composent l’asso ont décidé de réagir. A l’absence d’été américain, nous répondons en inventant notre propre été américain. 

Le Popcorn Reborn Summer Festival, c’est une programmation de huit films emblématiques de la saison estivale, à raison d’un par semaine étalés sur deux mois. C’est aussi une raison de rappeler à travers des œuvres que l’on connait pourquoi l’expérience salles constitue toujours une occasion de les redécouvrir. Et cette semaine, on s’attaque à un film qui rappelle pourquoi le grand-écran demeure le support privilégié pour réveiller le soul spirit du spectateur.

Qu’on ne s’y trompe pas: les Blues Brothers ont beau jouer toute la musique qu’on aime, c’est bien le cinéma en tant que rituel collectif qui est mis à l’honneur dans le film John Landis. Jamais meilleur que lorsqu’il a quelque chose à casser et un cadre à ne pas respecter, le réalisateur évite de trier ses envies dans cette procession sur celluloïd. Nourri de péloches populaires des années 40-50 et de Saturday Night Live dont il acta le triomphe avec American College, Landis s’entoure de deux Master of Ceremony de premier choix pour faire vibrer les spectateurs. Dan Aykroyd à l’harmonica et au pupitre, et surtout John Belushi au micro pour faire rugir la parole divine dans les rangs. Le duo fait la paire, mais Belushi assure le show : c’est lui le diable de Tasmanie (et malheureusement défunt martyr de la cause) qui porte en lui cette force qui ne demande qu’à exploser à l’écran et réveiller l’Amérique morose post-70’s.

Ronald Reagan n’est pas encore élu, mais les Blues s’attaquent déjà aux symboles du consumérisme de l’Amérique des yuppies. On retient cette course-poursuite qui vire au saccage dans un centre-commercial impie, tel Jésus chassant les marchands du temple dont l’activité même profane la Bonne parole. « Nous sommes en mission pour Dieu » : le mantra que ne cesse de répéter Jake et Elwood ne saurait-être plus clair quant à la raison de leur présence sur cette Terre. 

Plus qu’une comédie musicale, The Blues Brothers procure la fièvre et l’allégresse d’une messe baptiste qui officie à la résurrection du divin dans un gospel endiablé. Au nom du père du fils et de la sainte-musique; dont les Blues portent les notes dans tous les recoins de cette Amérique qui a soumis ses mythes antédiluviens à l’amertume du quotidien. Regarder The Blues Brothers c’est s’autoriser une uchronie salvatrice. Celle dans laquelle les apôtres du Groove Tout-Puissant s’adjoignent les voix les plus puissantes de l’époque (Aretha Franklin, James Brown, Cab Calloway… La guest-list est fournie) pour libérer la Sainte-Parole et anéantir l’œuvre du malin dans un festival de tôles froissées et de chorégraphies endiablées. Et pour prendre part au processus et sentir en son être les forces en présence, inutile de préciser que l’expérience au sanctuaire de la salle obscure est privilégiée. Car qu’est-ce que la salle de cinéma, sinon un temple qui invite le spectateur à s’abandonner au rituel qui se déroule à l’écran ?

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