YURI BOYKA: LAST ACTION HERO PART. 1

UNDISPUTED 2, LAST MAN STANDING: UNE ETOILE EST NEE

« Boyka, Boyka, Boyka…. ! ». Tous mordus de la première heure de cinéma d’action le savent : la seule icône digne de ce nom à avoir émergé de la production occidentale du genre dans les années 2000, c’est lui. Yuri Boyka pour vous servir, Tony Jaa des cavernes et golgoth élastique qui s’est pour la première fois introduit par la petite lucarne du DTV pour poncer la concurrence du grand-écran avec ses parties génitales dans Undisputed 2: Last man Standing en 2006. Une suprématie qui ne tient pas seulement aux prouesses martiales de son interprète Scott Adkins, mais aussi à un vrai désir d’élever sa proposition initiale à travers une logique narrative aux antipodes de son époque. Il s’agit donc ici de revenir indépendamment sur les trois épisodes d’existence du personnage au sein de la franchise. Pour démontrer que sous leurs allures de films de bastons jouissifs mais bas du front, les Undisputed ont posé une pierre angulaire dans le jardin mythologique du genre. Moteur? Action!

MAGICS MIKES

A l’aube du nouveau millénaire, le nom de domaine du cinéma d’action n’est plus celui de son public initial. Les fantasmes de puissance, d’affirmation individuelle et de dépassement de soi du chromosome XY ne constituent plus le cœur de cible des producteurs. Ceux-ci ont compris l’intérêt de détourner l’axe de rotation du genre de Mars à Vénus pour féminiser les rangs de leur audience. Jason Statham, Transporter/ kicker de profession et stripteaser par vocation. Brad Pitt, Achille tout en blondeur au vent et huile de bronzage Ushuaia sur le torse dans Troie. Les Dieux du stade de 300 et leurs abdos photoshoppés qui brillent sur la cover de la bataille des Thermophiles… Les nouvelles icônes du genre descendent de leur Olympe comme de la barre de pole-dance sous la pluie diluviennes de billets lancées par les spectateur-trices extatiques. Les modèles des uns sont désormais les objets des autres. Tous, sauf Yuri Boyka justement. 

Est-ce que tu sais danser la Carioca?

Meurtrier multi-récidiviste de son état, ultimate fighter par ambition et bad ass mother fucker par vocation, Yuri Boyka est le champion undisputed de combats clandestins organisés par la mafia russe, qui purge sa peine en bottant des culs dans une taule glauque du pays des tsars. Lorsque George Chambers, ancien champion américain de boxe poids-lourd à la réputation sulfureuse se fait emprisonner suite à un coup monté, l’affrontement entre les deux uber-Alpha devient rapidement inévitable… Pour le plus grand bonheur du mafieux qui a piégé Chambers et celui du spectateur enivré par cette testostérone suintante de taureaux nourris au steak de cheval. 

BORN TO FIGHT

Undisputed 2 était d’autant moins attendu au tournant que cette suite de l’excellent film de Walther Hill avec Wesley Snipes et Ving Rhames était avant tout conçue comme un véhicule pour Michael Jai White. Rescapé de l’arrière-plan des séries B bourrines des années 90 qui n’avait jamais réussi à réellement conclure en lead-role, l’acteur reprend le rôle de Rhames et occupe ici seul le haut de l’affiche. Bad ass jusqu’au lever de sourcil, la carrure trempée dans la même cuve de stéroïdes que son charisme et faisant montre d’une maitrise toute samuel jacksonienne du « motherfucker » en point de ponctuation, White n’est pourtant pas celui que les spectateurs retiennent lorsque le film débarque dans les bacs. C’est son antagoniste Yuri Boyka et son interprète Scott Adkins qui impriment la rétine de l’inconscient populaire.

La coupe de cheveux d’un hooligan des 90’s, des tatouages saillants ornant le pectoral sous tension, le bouc taillé au cutter : Boyka, c’est une dégaine équivoque à une attitude. Le look « Peaky Blinders » avant l’heure, et sa récupération en accessoire de mode par le hipster moyen qui habille sa virilité dans le prêt-à-porter Viking. C’est aussi un état d’esprit : chrétien orthodoxe ultra-pratiquant, ascète rigoriste et intransigeant avec son cadre moral. A tel point qu’il n’hésite pas à tuer l’un de ses hommes de mains pour avoir truqué à son avantage le premier combat contre Chambers. Méchant oui, mais avec une éthique.

BMF (BAD MOTHER FUCKER)

Mais c’est aussi et surtout un tyran des rings, despote du triple high-kick retourné qui ne laisse ni répit ni porte de sortie aux inconscients qui lui tiennent. Yuri Boyka ne se contente pas de gagner : il prend l’âme de ses victimes et ne considère la victoire acquise que dans l’annihilation total de l’être antagoniste. Son but n’est pas de battre l’opposant, mais de lui passer l’envie de revenir dans l’arène. « Écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes » : Boyka le Barbare ne laisse que des râles ensanglantés derrière lui. L’inverse absolu des animateurs et animations de soirées « girls only » qui constituent le nouveau profil Tinder du genre. Boyka, c’est un album de Kaaris (à quand le single éponyme ?!) dans un monde de surveillants de plages.  

Evidemment, pour traduire cette personnalité avenante à l’écran, il faut un interprète pour lui donner corps. En l’occurrence Scott Adkins, briton au charisme borderline qui défie les lois élémentaires de la physique pour démonter ses adversaires. La scène d’ouverture donne le ton, : galvanisé par les applaudissements du public, Boyka enchaine les figures dignes d’une version hardcore du Cirque du soleil pour anéantir son adversaire. Et ce, sans se priver de la finition en ground-and-pound sur son opposant inanimé, totalement gratuite mais « super necessary » comme le vin rouge avec la blanquette.

On n’a pas peur d’affirmer ici qu’Undisputed 2 est le film qui a ramené l’Oncle Sam dans le cercle du film de stomb’. Surtout à une époque où le genre en territoire U.S se réduisait aux numéros de lapdance de Jason Statham dans les Transporters et au close-combat monté et cadré par un alcoolique en plein sevrage des Jason Bourne. Dès sa sortie, le film d’Isaac Florentine tient la dragée haute face aux Ong Bak et surtout SPL de Wilson Yip, les nouveaux tauliers de la prouesse martiales garantie 100% sans câbles ni CGI rapportés (on sort tout juste de la période post-Matrix du film d’action mainstream).

LE CHOC DES TITANS

 La résultat doit évidemment beaucoup à Michael Jai White et Scott Adkins, mais aussi son réalisateur Isaac Florentine. M. Loyal de la maison Nu Image, ici transcendé par son sujet et par sa muse Scott (qu’il avait découvert dans Special Forces et retrouvera cinq fois par la suite), Florentine impose des ambitions visuelles (il faut appeler un chat un chat) quasiment absente de ce genre de production. A travers une mise en scène dont la quête de mouvement imprime les capacités hors-normes de ses personnages à-même l’image, Florentine fait de la caméra le troisième belligérant de l’histoire. On n’est pas là pour regarder les personnages se battre mais pour monter sur le ring avec eux. Le réalisateur monumentalise ses deux bovins à l’aune de leur rivalité, chacune de leur confrontation prenant l’allure d’une collusion de montagnes antagonistes. Une certaine idée du concours de bites élevé au rang d’art à part entière en somme.

On l’a compris, le style est ainsi partie-prenante de l’action. Une démarche qui se retranscrit évidemment dans des scènes de combats, véritable attraction du film et rampe de lancement du petit culte dont son bad Guy et va rapidement bénéficier (le plus souvent cantonné à des mouvements de boxe anglaise, Jai White aura l’occasion de dévoiler toute sa panoplie de talents dans Blood and Bone). Les cadres qui épouse,t les mouvements des pugilistes, les points de montage qui guettent les soubresauts techniques des combattants, la courte-focale qui élargit l’aire de combat à coup de perspectives tranchées … Florentine instaure un cahier des charges immédiatement identifiable et indissociable de sa figure vedette. Tout comme une galerie de personnages secondaires charismatiques, qui rompent avec le schématisme associé au genre, et pour certains reviendront dans les épisodes suivants. On pense évidemment à  Gaga, mafieux joué par le génial Mark Ivanir, véritable crowd-pleaser à lui tout seul qui reviendra mettre sa dégaine débonnaire à contribution dans le numéro 3. Mais ça, c’est pour un prochain numéro. Quand Boyka devient le héros de sa propre histoire.

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